Il n’est pas courant de voir un chef d’Etat se muer en éditorialiste. Dans un éditorial, Macky Sall, le chef d’Etat Sénégalais évalue les conséquences du Covid-19 sur l’Afrique, dont il loue la résilience, et appelle à repenser le monde.
Le texte en dit long sur la prise de conscience des responsables africains, de la place réelle de l’Afrique, des forces et des faiblesses qui découlent des relations de celle-ci avec les autres continents, des aménagements et des révisions, mêmes déchirants, qu’elle devra effectuer pour se remettre à l’endroit, de la manière dont elle souhaite que le monde soit repensé.
Trois idées fortes se dégagent de cet éditorial inédit : d’abord, l’Afrique partage le destin du monde, ensuite, elle ne baisse pas les bras, enfin, elle est prête, dès que la crise sanitaire du Covid-19 aura été jugulée, à repenser notre monde en tirant les leçons du passé.
« Nous sommes tous vulnérables », affirme ainsi le président Macky Sall, qui pointe du doigt « les vulnérabilités communes » s’ajoutant aux « fragilités individuelles ». Mettant en exergue « les limites de l’État-nation face aux menaces transfrontalières », il remonte à une source littéraire qui parle à tous les Africains, le livre L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane paru en 1961. Parce qu’elle met en scène le choc qu’a pu être la rencontre de l’Afrique avec l’Europe, cette publication, étudiée dans nombre d’établissements scolaires d’Afrique, donne au propos une dimension panafricaine. « Nous n’avons pas le même passé… mais nous avons le même avenir. L’heure des destinées singulières est révolue. Nul ne peut vivre de la seule préservation de soi », dit-il, citant l’ancien fonctionnaire de l’Unesco et écrivain Cheikh Hamidou Kane, également auteur d’un autre ouvrage de référence, Les Gardiens du Temple chez Stock, un roman où, là aussi, l’Afrique et ses usages sont confrontés au monde extérieur.
Dans le monde d’après-Covid-19, il va falloir « redéfinir l’ordre des priorités et redonner plein sens à l’économie réelle », dit le président Macky Sall dans son éditorial.